« J'étais un étranger et vous m'avez accueilli » (Matthieu 25, 35) : cette célèbre phrase de la Bible ne permet pas au fidèle un comportement ambigu : face à l'étranger, la compassion, la générosité et l'indulgence sont de mise. Mais l'intensité de l'injonction biblique est largement proportionnelle aux difficultés de sa mise en oeuvre. Même s'il est armé de ses convictions, le chrétien se trouve confronté aux réalités de son environnement social et doit se résoudre systématiquement au compromis. Les tensions entre la foi et une forme de responsabilité s'expriment alors. La question de leur gestion est au coeur de cet article. Les « chrétiens intégraux » qui ont tendu la main aux étrangers parce qu'ils étaient croyants ont généralement plus attiré l'attention dans la mesure où ils ont souvent publiquement justifié leur engagement. Les destinées des « catholiques libéraux » articulant de façon plus intime leur rôle social et politique et leur foi sont moins connues. Par définition, ils ont laissé moins de traces visibles d'un engagement non moins réel.