Le logement, « territoire approprié de l’individu », est l’un des premiers terrains de l’accueil de l’étranger mais aussi l’un des fondements de l’hospitalité. Il est également le reflet de la volonté intégratrice de la société accueillante et de celle de ses hôtes à toutes les échelles. Le logement interroge aussi le rapport à l’accueil dans sa temporalité. Il est d’abord envisagé dans sa dimension provisoire, celui du centre d’hébergement ou du foyer, puis dans une dimension plus durable par l’insertion dans le logement social ou l’accession à la propriété qui suppose la pérennisation de la présence de l’étranger et donc son intégration. Le logement questionne aussi les espaces de l’accueil ; espace public ou privé, il est celui consenti par l’hôte qui en détermine les conditions. Les territoires de l’hospitalité sont donc intrinsèquement liés aux enjeux sociétaux de la relégation et de la ségrégation dans l’espace public et ainsi de l’altérité. Étudier le logement des étrangers permet donc d’écrire l’histoire de l’accueil vu « d’en bas », de l’espace de l’intime, celui de l’individu, de la famille, du groupe par la représentation que s’en font les accueillis mais aussi par celles de l’accueillant ; le propriétaire logeur, l’association, l’employeur, la municipalité jusqu’aux instances décisionnelles publiques nationales. Cette analyse « au ras du sol » permet aussi de saisir la distorsion entre les politiques nationales de logement des étrangers et les réalités de leurs perceptions et réceptions par ses différents acteurs à l’échelle locale. Elle interroge aussi les imaginaires locaux de l’étranger et ses évolutions sur cet espace-temps, des années 1960 aux débuts des années 1980, marqué par un ensemble de ruptures.