Ordinary Sociabilities and Sense of Belonging in a Peri-urban Neighborhood in New Caledonia: Social Cohesion Built from Below?
Sociabilités ordinaires et sentiment d’appartenance dans un quartier périurbain en Nouvelle-Calédonie : une cohésion sociale construite par le bas ?
Résumé
In New Caledonia, the political conflict between two opposing tendencies has become a real structure of representation and action, permanently counteracting social cohesion and the possibility for the country to move towards a possible "national" unity. This conflict intersects with separations between distant cultural universes considered incompatible, competing material interests and economic and social inequalities.
Based on an ethnographic study about ordinary sociability in a peri-urban neighborhood of the Grand Nouméa, I will examine the way to invest habitat and social relations in the daily life of the inhabitants, which are from multiple origins and mainly of modest conditions. A local society has been unified by common characteristics and ideals that counteract the divisive tendencies that constitute family retreat, culturalhyb gaps and political tensions inherent to the country. As an intermediary between the "bush" and the city, this neighborhood is experienced as emblematic of a specifically Caledonian way of life, which is based on rural and Oceanic references while simultaneously rejoining universal forms from resistance and counter-models to urban uniformity.
Hybridization and "coculturation" contribute to the conception of the country in its unity and cohesion, but they are clashed with the complexity of New Caledonia: interbreeding, convergence of lifestyles and cultural recognition on one hand, political status quo on the background of colonial disputes, economic and social disparities on the other hand. The expression of the feeling of belonging thus highlights the persistence of two opposing national perspectives and its declination into a Kanak/non-Kanak boundary which is difficult to cross.
En Nouvelle-Calédonie, le conflit politique entre deux tendances opposées est devenu une véritable structure de représentation et d’action, enrayant durablement la cohésion sociale et la possibilité pour le pays d’avancer vers une possible unité « nationale ». Ce conflit recoupe les séparations entre univers culturels éloignés, les intérêts matériels concurrents et les inégalités économiques et sociales.
À partir d'une étude ethnographique des sociabilités ordinaires dans un quartier périurbain du Grand Nouméa, j’aborderai la manière d'investir l'habitat et les relations sociales au quotidien chez des habitants d’origines multiples et majoritairement de condition modeste. Une société locale s’est unifiée par des traits et des idéaux communs permettant de contrecarrer les tendances clivantes que constituent les replis familiaux, les écarts culturels et les tensions politiques inhérentes au pays. Intermédiaire entre la « Brousse » et la ville, ce quartier est vécu comme emblématique d’un mode de vie proprement calédonien, lequel s’appuie sur des références rurales et océaniennes tout en rejoignant des formes globalisées de résistance et de contre-modèle à l’uniformité urbaine.
Hybridations et « coculturation » concourent à concevoir le pays dans son unité et sa cohésion, mais se heurtent à la complexité calédonienne : métissages, rapprochements des modes de vie et reconnaissances culturelles d’un côté, statut quo politique sur fond de contentieux colonial, de disparités économiques et sociales de l’autre. L’expression du sentiment d’appartenance met ainsi en évidence la persistance de deux perspectives nationales opposées et sa déclinaison en une frontière kanak / non-kanak difficilement franchissable.